SEO, e-commerce et Noël "pas cher" : quelle évolution pour la crise économique ?

Une époque de l'année bénie par le Web commercial s'achève : nous sommes à quelques jours après Noël, et les sites marchands font les comptes.

Avouons que ces derniers s'appliquent à attirer le client : bannières, habillage de site, campagnes Google Adwords... 
Mais surtout, l'arme fatale : le suffixe "pas cher", ce roi de la frappe dans les moteurs de recherche, ce terme recherché plus d'une dizaine de millions de fois par mois, et dont les SERP de Google offrent plus de 26 millions de réponses.

Mais qu'en est-il de ce marché du discount sur Internet à l'approche de Noël ? Dans notre société en crise financière, et de plus en plus en confiance avec les achats en ligne, il serait logique que la recherche de meilleurs prix monte en flèche. Qu'en est-il vraiment?


"Pas cher", l'implacable suffixe de l'e-commerce

Eh oui, c'est indéniable: l'achat sur Internet écarte de nombreux aspects pratiques du shopping "à l'ancienne" : délai de réception qui passe d'instantané à plusieurs jours,  plus de lèche-vitrines entre copines, pas de vrai contact visuel et tactile avec le produit, pas de possibilité d'essayer, doute sur l'état du produit à l'arrivée, et j'en passe...
Oui mais voilà : le Web, c'est moins cher. Voir même beaucoup moins cher. En tous cas bien assez pour faire oublier tous les petits désagréments énoncé au-dessus. Et en ces temps de crise, ce n'est pas du luxe, sans faire de mauvais jeux de mots. Du coup, environ 27 millions de Français auraient effectué un achat sur le Web au cours de 2010.

S'il est admis que le prix très concurrentiel est un aimant très puissant d'internet pour l'e-achat, d'autres critères viennent renforcer cet aspect, en plus de démarquer certains sites de vente en ligne. Ce sont la praticité (surtout rester chez soi), la rapidité et le grand choix de livraison (source : Médiamétrie). Mais ces critères, s'ils sont appréciés des e-consommateurs, ne rentreront pas directement dans la recherche d'un produit ou d'un site spécifique. 
Pour preuve, les chiffres suivants :


Exemple de recherche pour l'aspect pratique
Exemple de recherche pour l'aspect rapidité

Exemples de recherches pour l'aspect diversité du choix
L'explication en est probablement que la praticité, la rapidité et la choix qu'offre Internet constituent en soi certains de ses aspects métaphysiques; l'internaute n'a pas à les rechercher, puisque ils s'imposent comme des fondements de l'objet Internet, et qui en firent le succès.
Le prix proposé sur le Web est lui aussi une constituante de la croissance d'internet, mais reste, pour sa part, une variable dépendante de l'e-vendeur (la rapidité de livraison, à moindre mesure, également). La recherche de la meilleure offre s'impose alors.


La recherche de produits sur Internet, et notamment via  se base donc sur un principe simple : trouver plus facilement, et à un moindre coût que dans la boutique d'à-côté.

Ainsi, le volume de recherche du mot-clé "pas cher" atteint un niveau très respectable (même si encore très loin du leader "facebook" avec ses 2 milliards de recherches mensuelles) :

Le terme jouit d'un imposant volume de recherche, renforcé par une forte utilisation dans les campagnes AdWords



Quels sont les mois "pas chers" ?



Évidemment, ce volume de recherche de plus de 11 millions n'est pas régulier dans l'année.
Il serait alors logique que le volume de recherche augmente exponentiellement lors le la période la plus lucrative de l'année, là où les e-sellers attendent un afflux d'e-buyers : Noël. Et cela, a fortiori, en période de crise.

Mais voilà le constat :


Les pics d'utilisation du terme "pas cher" se situent plutôt au cours des mois d'Été qu'en période de fin d'année. Nous devons concéder que le terme se trouve tout de même plus utilisé à l'approche de Noël, et dépasse de quelques points la moyenne à l'année; mais il n'obtient pas la croissance attendue.


Qu'en est-il pour les années précédentes?


Ce graphique nous offre des informations d'autant plus intéressantes. Ciblons-en les points :
  • Le terme évolue graduellement depuis 2004, mais avec une forte poussée en 2008.
  • A part pour 2008, le terme "pas cher" est plus recherché au cours des mois d'Eté que lors de la période de fin d'année.
  • En 2008, le terme obtient un pic de recherches à l'approche de Noël de presque 1,5 fois plus qu'au cours de juillet.
  • En 2010, même si très élevé, le volume de recherches semble stagner autour d'un axe médian; pas de forte hausse au cours de l'année, donc.

Quelle évolution pour les autres termes ?


Internet donne accès à plus de choix dans les achats; s'il aide a trouver de meilleurs prix, il peut également offrir la possibilité de découvrir de produits originaux, de qualité ou difficiles à trouver.
Pour se faire, choisissons quelques termes récurrents :
  • Évidemment notre terme maître, "pas cher" pour le comparatif,
  • Son antonyme, "luxe": quelle évolution pour le marché du haut-de-gamme sur le Web à Noël ?
  • Le terme "occasion"; en effet, le nombre de cadeaux de Noël non neufs serait, selon les médias, en forte hausse cette année. Le Web permet de trouver plus facilement des produits d'occasion en masse, et de faciliter l'échange,
  • Le terme "gratuit"; même si celui-ci viendrait étonner ceux encore profondément attentifs à l'esprit de partage à Noël, les idées de cadeau ne demandant aucun coût peuvent être salvateurs en cette période de crise,
  • Le terme "original", internet se situant de plus en plus comme source d'informations et d'idées, plus rapide et fertile que le traditionnel lèche-vitrine de Noël, souvent stérile...
Spécifions notre recherche sur le marché des cadeaux de Noël, pour ne pas nous éloigner du sujet. Bien que celui-ci peut paraître régressif, notamment pour le terme "occasion", il pourrait tout de même consister en un indicateur légitime et acceptable.

Nous obtenons alors ce tableau :


Quelles observations pour chaque terme ?
  • Comme nous l'avions constaté plus haut, le terme "pas cher" est en constante augmentation chaque année à Noël par rapport à l'année précédente. En 2010, il est presque de 25% supérieur à 2009.
  • Le luxe qui connait une forte augmentation en 2008, puis chute de 50% environ en 2009, revient au niveau de 2008 en 2010. Le volume de recherche reste néanmoins de seulement 5% du volume du terme "pas cher"; le haut-de-gamme pour Noël sur le Web peine donc à décoller.
  • L'occasion non plus ne se distingue pas cette année, contrairement aux prévisions ! Le volume de 2010 n'atteint que péniblement le niveau de 2007, et ne constitue que 50% de son volume de 2009. C'est donc que soit le cadeau de Noël d'occasion est nettement moins prisé cette année, soit que le marché de l'occasion sur le web pour Noël ait été relativement délaissé. Mais il est également possible que l'internaute, de plus en plus expérimenté, recherche directement le produit. C'est le cas des produits stars de Noël 2010, notamment l'Hi-tech avec l'iPad, l'iPhone ou les Blackberry, moins avec les consoles comme la Playstation, la Xbox ou la Wii. Il est donc difficile de tabler sur l'évolution du marché de l'occasion pour Noël 2010.
  • La gratuité dans Noël ne s'est pas installée avec la crise, des recherches avec les mots-clés "cadeau noel gratuit" avaient déjà connu des cas dès 2004, même si la crise leur a donné un "coup de pouce". 2010 emporte néanmoins la palme avec presque 500 recherches au cours du mois de décembre.
  • Enfin, la recherche d'originalité pour Noël via le web est en croissance constante, malgré la crise. Preuve que la hausse de l'utilisation d'internet comme relais de l'information est de plus en plus apprécié, et suit la hausse du nombre de connexions domestiques. Nous pouvons également penser que, malgré les restrictions budgétaires, la perspective d'offrir un cadeau original et innovant séduit toujours beaucoup


Conclusions ? La crise économique présente également sur Internet, mais différemment

Ces quelques statistiques, bien que fragiles et instables, nous ont tout de même permis de mettre en lumière quelques points :

La recherche de prix moins élevés serait la première motivation à céder à l'achat sur Internet. Trouver le même produit qu'en magasin mais à des tarifs plus qu'appréciables est une perspective qui ferait tomber les barrières que sont la crainte du payement en ligne, de l'absence de découverte physique du produit et du délai de livraison.
Ainsi, le terme "pas cher" se fait roi, et observe une évolution quasi-constante année après année. Il est néanmoins difficile de dire si cette évolution est due à la croissance du nombre d'internautes actifs, au nombre en augmentation de convertis à l'e-commerce ou à l'affirmation de la crise économique en France. Mais il est très probable que cette évolution dans le volume de recherche de produits moins cher a été dopée par chacune de ces multiples sources, avec un bond affirmé dès l'installation de la dépression économique.

Néanmoins, la période particulièrement mercantile que sont les fêtes de fin d'année ne se retrouve finalement pas être le pilier de l'achat moins cher sur le Web. La saison estivale conserve le monopole de l'achat dans ce domaine.

Pourtant, Noël reste un axe du marché sur Internet, et si la plus forte progression se situe dans l'achat de présents moins cher que dans le commerce "en dur", d'autres motivations comme la recherche d'idées originales et innovantes pour les fêtes talonnent de près l'aspect "sauvegarde du budget".


Il apparait également que si l'e-commerce s'installe rapidement dans les habitudes françaises, la course à l'article moins cher grâce aux économies d'échelles envisageables sur Internet a reçu un véritable coup de fouet dès l'installation de la crise économique.
Et, à la constatation de la vigueur du terme "pas cher" dans les moteurs de recherche, l'austérité financière reste, pour la plupart des Français, une réalité à l'arrivée de 2011.

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